Cas étudié
La situation de départ est la suivante :
- Un puits assez éloigné de la maison.
- Une différence d’altitude entre l’eau du puits et le système de pompage inférieure à 8m.
- Un tuyau PEHD de diamètre 32 enterré, partant du puits et débouchant au sol de la cuisine (cf. schéma).
Les désirs :
- Ne pas tirer l’électricité jusqu’au puits.
- Utiliser l’eau du puits dans la maison avec le même confort que l’eau du réseau : robinets extérieurs, lave-linge, et plus si affinités…
Il faut donc :
- Un moyen pour amener l’eau du puits à la maison
- Un moyen pour maintenir la pression de l’eau en sortie entre X et Y bars
Principes et solutions
En cherchant un peu, vous trouverez rapidement qu’il vous faut une pompe, et/ou un surpresseur ou groupe surpresseur… Mais qu’est-ce qu’un groupe surpresseur exactement ? Étrangement, il est difficile de trouver des informations réellement précises à ce sujet. Vous avez fait le trajet jusqu’ici, alors je vous livre le secret : c’est un ballon-vessie (ballon qui monte en pression lorsqu’il se remplit) associé à une pompe et à un pressostat, c’est-à-dire un capteur de pression capable d’allumer ou d’éteindre la pompe en fonction du remplissage du ballon. L’objectif d’un tel système est de maintenir une certaine quantité d’eau à la pression voulue, et d’éviter ainsi de démarrer la pompe à chaque fois qu’on allume un robinet. Le principe est simple :
- Le ballon, métallique et capable de résister à une pression de l’ordre de 8-10 bars, contient une vessie en caoutchouc naturel ou en matière plastique de qualité alimentaire.
- La sortie de la pompe est connectée de façon à remplir cette vessie d’eau quand elle est mise en route.
- Cette vessie contient la réserve d’eau disponible. L’eau n’est donc jamais en contact avec le reste du ballon.
- Le pressostat est installé de façon à mesurer la pression de l’eau. Dans notre cas, il est vissé sur un orifice situé en haut du ballon, et qui donne sur la vessie. Il peut aussi être installé au niveau de l’entrée/sortie de l’eau dans le ballon. Référez-vous à la documentation de votre ballon pour plus d’informations.
- A un instant t, l’espace entre le ballon et la vessie est rempli d’air à une certaine pression p.
- L’eau est donc elle aussi à la pression p.
- Si l’on puise de l’eau dans la vessie, la pression diminue.
- Si l’on remplit la vessie d’eau, la pression augmente.
Que fait-on ensuite ?
- Admettons que l’on souhaite avoir une pression comprise entre 2 et 3 bars.
- Vessie vide, l’espace entre le ballon et la vessie est gonflé (avec un compresseur, ou à défaut une pompe à pneus de vélo ou de voiture) à une pression légèrement inférieure à 2 bars (par exemple : 1.9 bars), en utilisant la valve prévue à cet effet (souvent une valve Schrader, comme sur les pneus de voiture).
- Le pressostat est réglé de façon à allumer la pompe quand la pression chute en-dessous de 2 bars, et à éteindre la pompe quand la pression atteint 3 bars.
À l’usage, comment ça marche ?
- À la mise en route, la pompe remplit la vessie jusqu’à ce que l’eau soit à une pression de 3 bars. Le pressostat se charge alors de couper l’alimentation électrique de la pompe.
- Monsieur ou madame arrose ses enfants avec le tuyau d’arrosage, qui s’enfuient en criant…
- Dès que la pression de l’eau descend à 2 bars (il reste alors très peu d’eau dans la vessie), le pressostat remet en route la pompe.
- La vessie se remplit à nouveau jusqu’à 3 bars.
- Les enfants, eux, ont été arrosés sans interruption. Ils sont tout mouillés et font semblant d’être vexés.
Choix du matériel
Quelle pompe choisir ?
- La pression maximale délivrée par la pompe doit être supérieure à la pression maximale voulue (ici, donc, plus de 3 bars). Cette pression est souvent exprimée en « hauteur de refoulement » : 10 m = 1 bar.
- Prendre une bonne marge pour éviter de pousser la pompe dans ses retranchements.
- Par exemple, dans notre cas, une pompe de surface avec une hauteur de refoulement supérieure à 40m serait parfaite.
- IMPORTANT : toutes les pompes de surface ne sont pas auto-amorçables. Si votre tuyau entre le puits et la pompe présente un ou des « points hauts » (dans notre cas, dans la cuisine), prévoir de quoi remplir le tuyau à chacun de ces endroits. Un té, un morceau de tuyau PE et un bouchon suffit.
Quel ballon-vessie choisir ?
- Plus le ballon est gros, plus la pompe sera épargnée. 100 ou 200L semble un bon compromis.
- Il semblerait que les ballons horizontaux présentent des problèmes de vessie qui colle au fond du ballon avec le temps.
- En général, entre un quart et la moitié de la capacité totale du ballon sera réellement utilisée. Voici une petite calculette pour déterminer le volume utile :
Coût
- Pompe : entre 50€ et plusieurs centaines d’euros.
- Ballon-vessie : entre 80 et 170€ pour un modèle 100L. Ou moins cher d’occasion (ex. : nous avons trouvé un ballon Varem 200L vertical à 60€)
- Environ 200-300€ pour les raccords, tuyaux, clapets, vannes, crépine, pressostat, manomètre, filtre, etc.
A titre d’exemple, le système présenté en exemple a coûté environ 400€ tout compris.
En pratique
Le schéma en haut de page vous indique comment installer tout ça. N’oubliez pas de prévoir tous les raccords nécessaires.
Quelques photos de cette installation :
Astuces et erreurs à éviter
- Pour limiter le risque de fuite, veillez à bien enfoncer le tube PEHD dans les raccords (en plastique noir et bleu sur les photos, ou mieux, en laiton) jusqu’à la butée avant de visser la bague de serrage.
- Quelques jours après le premier gonflage à vide du ballon, vérifiez la pression à vide et ajuster si nécessaire. L’air injecté est souvent plus chaud que la température ambiante. En refroidissant, la température de l’air présente dans le ballon diminue, ce qui entraîne une baisse de pression.
- Si votre pressostat ne déclenche plus la pompe, ou si vous constatez une baisse de pression au robinet juste avant le déclenchement de la pompe, cela signifie probablement que la pression à vide est supérieure ou égale à la pression minimale de déclenchement : dégonflez légèrement le ballon, ou augmentez la pression minimale de déclenchement du pressostat.
- Si le réseau en aval du système risque le gel, prévoyez une vanne avec purge au départ du réseau, et installez vos tuyaux avec une légère pente pour permettre la purge.
- Les pompes sont généralement bruyantes : pensez-y lors du choix de son emplacement. N’enroulez pas un isolant directement autour de la pompe : risque de surchauffe !
Notes et liens utiles
- Si la différence d’altitude entre le fond du puits et la pompe est supérieure à 8m, il faudra alors utiliser une pompe immergée, et donc tirer l’électricité jusqu’au puits. Le reste du montage est similaire à celui présenté ici.
- S’il y a un risque que votre puits soit à sec à certains moments de l’année, vous devrez installer une sécurité manque d’eau. Si vous ne souhaitez pas tirer de câbles jusqu’au puits, sachez qu’il existe des boîtiers qui se branchent sur la prise 220V et qui détectent quand la pompe n’a pas un fonctionnement normal (ex. : Relais hydraulique Jetly HDS). Ils coupent alors l’alimentation électrique et il faut les réarmer manuellement. Nous n’avons pas testé ces boîtiers donc nous n’avons pas d’avis sur la question.
- Joints, filasse, ou rien du tout ? Cela dépend des raccords. Et pour tout savoir sur les joints, je vous conseille cette page.
- Pour les raccords en laiton, préférez la filasse et la pâte à joint. Mode d’emploi abrégé : (1) rayer le filetage avec une lame de scie à métaux ou un pince multi-prise (certains raccords sont pré-rayés), (2) faire quelques tours de filasse dans le sens du vissage en serrant fort, (3) badigeonner de pâte à joint, (4) visser le raccord fermement.
- Pour les raccords en plastique (ou entre un raccord laiton et un raccord plastique), utilisez de la bande de téflon.
- Tableau de conversion entre ancienne et nouvelle dénominations pour le diamètre des raccords (par exemple, 20/27 mm = 3/4″).
- ATTENTION : Le réseau d’eau potable et le réseau d’eau du puits doivent être déconnectés (disconnexion par surverse). Plus d’informations ici et là.
19 commentaires sur “Eau de puits : un groupe surpresseur fait-maison”
Super cette installation, super également les infos communiquées.
Merci pour ce partage.
Merci Claude !
Merci beaucoup pour les infos, j’y vois bien plus clair !
De rien, et tant mieux si ça a permis d’éclaircir quelques points obscurs.
Bonjour,
Felicitation et merci. les explications sont super claire, on comprends tout, et avec des photos. c’est génial.
Merci !
Bonjour , merci pour ces explications très claires , j’ai toute fois une question : si je veux baisser la pression de ma pompe immergée , puis je mettre un réducteur de pression entre la pompe et mes filtres ( je ne suis pas sûr de mettre un surpresseur ( manque de place ) ) ?
ou est il possible de mettre une sortie inférieur à 32mm (sortie de pompe) et mettre plus petit, en posant la question je me dis que ça risque de l’augmenter plutôt que de la diminuer !?!Merci par avance pour votre retour 😉
Bonjour, c’est question difficile ! Je suppose que vous voulez limiter la pression afin de limiter le débit en sortie de tuyau. Lors de mes recherches, je n’ai jamais vu de montage avec un limiteur de pression. Tout d’abord, pour une quantité d’eau donnée, vous allez consommer davantage d’énergie car la résistance introduite va augmenter la puissance de la pompe, ce qui est dommage. Mettre un tuyau de plus faible de section va aussi augmenter les pertes de charge et ainsi limiter le débit, avec des inconvénients similaires.
En résumé, je ne conseille pas cette solution car elle augmente la consommation d’énergie, et probablement l’usure de la pompe. Mais si vous n’avez pas d’autres solutions, je vous recommande de poser la question directement au fabricant de la pompe afin de vous assurer que ceci ne risque pas d’user prématurément la pompe.
Bonjour Clément ,
merci pour cette réponse , tant pour votre réactivité que pour le conseil 😉
je pense que je n’ai pas trop le choix que de mettre un surpresseur , et comme ça il fera « tampon »; et lui , acceptera de recevoir le débit de ma pompe (80L/min).
c’est une pompe que j’achète à un particulier , mais elle est neuve , mais je n’ai pas toutes les infos et je l’achète demain .
je pense que la solution d’une pompe immergée est meilleur pour moins de bruit ,
si vous avez un avis différent de mon raisonnement , je suis à l’écoute ,
merci encore 😉
Sage décision ! Un surpresseur permet aussi à la pompe de se déclencher moins souvent. Il en existe des petits, vous n’êtes pas obligé de prendre un aussi gros ballon que moi.
Et oui, une pompe immergée est une très bonne solution quand c’est possible (électricité disponible dans le puits) et/ou nécessaire (puits très profond).
Bon courage pour l’installation !
PS : Autre avantage : avec un surpresseur, vous pouvez fonctionner comme avec l’eau du réseau, c’est-à-dire couper l’eau au robinet ou au pistolet d’arrosage, etc. Alors que sinon, il faut allumer/éteindre la pompe à chaque sollicitation (il existe des systèmes automatiques) et ne surtout pas couper le robinet alors que la pompe tourne toujours.
genial merci
pourriez vous m informer sur le meme type d installation mais j ai une pompe installer dans mon puit qui alimente deux revervoirs de 1000 litres situés sous le toit. Je voudrais tout installer au RDC;
SINCERES REMERCIEMENTS POUR VOS CROQUIS
Vous pouvez probablement utiliser un système comme celui décrit dans cet article.
Bonjour,
Merci pour cet explicatif! Comme vous le dite, on ne trouve pas beaucoup d’explication sur ce type de montage.
A la lecture de votre article, le montage me semble assez simple, mais il me reste une question : si je ne veux pas soumettre mon réseau d’eau domestique à la pression haute de déclenchement de la pompe (3 bar, voir plus), comment procéder. Est-ce que la pose d’un reducteur de pression en sortie du montage pourrait fonctionner ?
Cdt,
David
Bonjour,
Oui, un réducteur de pression devrait fonctionner sans problème.
Pour information, chez moi je ne ressens presque pas les variations de pression, en pratique. Et une pression 3-4 bars max reste très raisonnable dans une habitation.
Bonjour,
A partir de votre excellent article, je vais dessiner mon schéma ; et en regardant vos photos, je me demande s’il ne serai pas judicieux de mettre le filtre entre le puit et la pompe, afin de ne pas encrasser celle-ci, ni le ballon. Une idée sur la question ?
Bonjour David. Les filtres que l’on met à cet emplacement sont généralement très fins et créent donc une perte de charge assez importante. Lorsque la pompe tourne, le débit est très élevé et je pense que les filtres introduiraient donc une trop grande résistance. Si votre pompe n’est pas proche de ses limites en puissance, il est tout de même possible d’ajouter un filtre à cartouche avant la pompe, mais il faut choisir un filtre pas trop fin.
Bonjour, vos information sont vraiment interressantes. Je suis curieux néanmoins de connaître la puissance de votre pompe et la longueur à partir du puits jusqu’à la pompe. Les vendeurs m’indiquent qu’il n’est pas possible de puiser l’eau d’un puits d’aussi loin, alors je m’interroge ? Merci si vous pouviez m’éclairer sur ce point.
Bonjour, ma pompe actuelle fait 1100W. Il y a de l’ordre de 35m entre le puits et la pompe. Il me semble qu’on dit généralement que 10m de longueur est équivalent à 1m de hauteur, pour calculer si une pompe conviendra ou non. Je vous conseille de contacter directement les fabricants, ils sont parfois de bon conseil.
Bonjour Clément, merci, voilà une information fort intéressante! J’ai un puits de 6 mètres de profondeur et une distance sans dénivelé de 12 mètres à l’emplacement présumé de la pompe. Je vais poursuivre mon étude et me renseigner auprès des fabricants d’après votre conseil et je vous apporterais dès que possible ce que j’aurais appris. Encore merci.